6 mois en tant qu’autrice à temps plein
Titre mensonger. ça ne fait que 5 mois hihi.
Cela fait des mois que je me dis : « Béné, tu devrais faire un petit bilan de cette bascule d’un poste salarié à une activité complètement indépendante et créative« . Je n’osais pas, me disant que je n’y avais pas encore passé assez de temps.
Finalement aujourd’hui, en cette belle journée grise, je me dis pourquoi pas ?
j’ai quitté mon emploi le 14 janvier 2022 après avoir négocié une rupture conventionnelle avec mon employeur. Toute la partie technique est disponible sur le blog de Jupiter Phaeton avec :
un premier article : « Reconversion : comment sécuriser son projet ?«
Un second : « Voilà, j’ai quitté mon emploi ! Et maintenant ? Je fais quoi ?«
Le raconter ne me rend pas plus légitime, mais ce que je tire de cette expérience c’est que j’ai d’abord eu une chance folle d’être tombée sur des personnes compréhensives qui m’ont aidée à mener mon projet à bien.
Ensuite, j’ai le soutien de ma famille, de mon entourage, ce qui est vraiment une bénédiction du ciel. J’attaquais donc cette nouvelle étape de ma vie professionnelle gonflée à bloc quoiqu’aussi terrifiée par l’inconnu.
La trajectoire de mon chiffre d’affaires
Avant ma reconversion
Je ne parle JAMAIS chiffres car je ne pense pas que c’est ce qui intéresse le plus mes lecteurs, mais pour poser les bases de cette reconversion, je m’imagine que c’est intéressant.
En 2020, j’ai publié mon premier roman « La Faille » en ebook sur Amazon le 7 mai après avoir mis le broché chez BoD. La totalité de mon chiffre d’affaires cette année là a été 60€ (merci à mes proches).
Bien sûr, en décembre 2020, ce n’était pas la joie. Même si je me disais au fond de moi « tu t’en fiches Béné, le principal c’est d’avoir terminé ton livre, de l’avoir publié et offert à tes proches« . En effet, c’était mon objectif.
Mais qui n’a jamais entendu cette petite voix qui nous murmure « qu’on peut faire plus ? » que « nos histoires peuvent faire rêver, voyager, divertir d’autres personnes que nous » ?
En 2021, j’ai pris le taureau par les cornes, je me suis formée et j’ai investi pas mal d’argent que je n’ai pas totalement récupéré sur le moment, pour des Services Presse, de la publicité Amazon etc. Rien n’est une fatalité et mes moyens (aka mon travail salarié) me permettaient de le faire.
Il y a eu comme un frémissement à la sortie de mon deuxième tome, qui coïncidait également avec ma décision de me reconvertir.
Attention, tu vas être surpris : j’ai pris cette décision alors que mon CA de janvier 2021 à avril 2021 était de : 245€, dont 150 sur le mois d’avril.
En décembre 2021 juste avant que je me mette à mon compte, mon chiffre d’affaires sur le mois de Noël était de : 334 € avec une bonne poussée sur les mois d’août et septembre, effet des vacances.
C’est pas fou, n’est-ce pas ?
Et pourtant, ça ne m’a pas empêché de me lancer, en ayant la sécurité du chômage derrière. Par rapport à mes investissements et mon chiffre d’affaires ; mes ventes m’ont permis d’amortir seulement 65% de mes dépenses.
Après ma reconversion
On ne peut pas dire que j’ai explosé les compteurs 😋, ce qui m’apprend la patience. Il n’y a pas que des success Stories immédiates, beaucoup de communauté et de noms se façonnent sur le long terme.
Cependant, je n’ai pas à rougir. Au 10 juin 2022, je ne fais pas de ventes directes, pas de salons, pas de démarchage de librairies. Mes revenus proviennent à 100% d’Amazon et stagnent entre 450 et 550€ par mois depuis janvier, pour 4 livres publiés et 1 intégrale. On y croit 🤞🏻
La transition vers l’écriture à temps plein
Ce dont je voulais vraiment parler, c’est ce changement de métier !
Avant, quand je travaillais en tant que salariée, l’écriture c’était 1 heure par jour entre midi et deux quand j’étais motivée (j’étais souvent motivée). Le soir, je priorisais ma communication allant au plus urgent (les Service Presse) et je me contentais du minimum.
Oui, j’étais pas mal frustrée.
Le 15 janvier 2022, je me suis retrouvée libre comme l’air, avec un BOULEVARD de temps.
Comment le remplir ?
Que faire ?
Que prioriser ?
Où en suis-je ?
Vais-je vraiment travailler alors qu’on m’a toujours dit que j’avais un poil de la main ?
(Ha-ha-ha. Comme dirait Norman : FAUX !)
La situation les deux première semaines
D’abord, j’ai passé une semaine complètement HS avec un gros rhume, des douleurs au dos complètement épiques. Je relâchais totalement la pression des derniers mois (gros projet chez mon ancien employeur).
Je peux le dire maintenant, même si j’en ai honte et que c’est un mot que je ne me voyais pas utiliser, car chez les autres c’était pire : j’ai fait un burn-out.
Il y a différents degrés de burn-out et je pouvais encore me lever, ce qui me faisait éviter de regarder le sujet en face.
Dès le 22 janvier j’ai attaqué mon cinquième roman (my God, bizarre de le numéroter) et c’était parti mon kiki !
Organiser son temps
Tout de suite, je me suis mise à écrire le matin. Je bloquais 3 heures pour l’écriture, ma priorité. Je n’ai jamais été aussi contente de me lever ! A la fraiche, profiter de son petit déjeuner, retrouver figure humaine et hop, derrière mon clavier. Objectif : un chapitre par jour de la semaine (hors week-end).
L’après-midi je faisais 1 ou 2 heures de communication pas plus.
Puis est venu le fameux « je peux faire plus » sauf que je n’avais pas tout quitter pour ça. La culpabilité, ça te parle ?
J’avais du temps ! Alors j’ai commencé à remplir ce temps disponible par toute ma charge mentale :
- tu dois faire ci pour la maison
- tu dois faire ça pour la maison
- tu doit
- Il faut que…
Résultat, pas de plaisir (moins), des journées pas forcément épanouissantes et puis… je travaillais le week-end (oups).
j’ai réfléchi pendant un moment à ce sujet. Devais-je (ou non) travailler le week-end ?
Ma réponse est une réponse digne d’un normand : p’t’être ben qu’oui, p’t’être ben qu’non !
Pour être claire, après six mois d’expérimentation : je ne me l’interdis pas, mais si je dois travailler, ça sera uniquement pour écrire. Je ne fais aucune tâche « chiante » le week-end. C’est un travail-passion qui a ses bons et ses mauvais côtés. Si je dois prendre sur mon week-end, alors ça ne sera que pour les bons 😛
Il n’y a pas de solution miracle malheureusement.
On fait comme on peut, avec les deadlines et les objectifs qu’on a. En ce moment, j’écris le matin et l’après-midi car j’ai saisi l’opportunité de participer à un concours d’écriture qui n’était pas prévu. D’ici quelques semaines, ça se calmera 🤪.
Ce que je recommande : PRIORISER.
Rien n’est impossible, pour peu qu’on s’organise un minimum. Découper son temps et lister ses tâches est essentiel pour s’en sortir.
Qu’est-ce qui est le plus important, qui me coûtera le moins d’efforts pour m’apporter 80% de mes résultats ?
Quel est l’essence de mon travail ?
Qu’est-ce qui va me coûter beaucoup d’efforts, pour peu de résultats ?
Dans cette catégorie, je rentre notamment le démarchage de librairies. Mes revenus viennent essentiellement des versions numériques de mes livres. Inutile alors d’aller perdre mon temps à rencontrer des boutiques. Autant concentrer mes efforts de communication pour amener du trafic sur mes pages produits.
Quelles sont les tâches que je peux reporter ?
Si je peux les reporter, c’est qu’elles ne sont pas essentielles. Donc, tant que j’ai des tâches que je ne peux pas reporter, celles-ci passeront AVANT celles qui peuvent être reportées (bon sens, quand tu nous tiens)
Quand tout est urgent, je fais quoi ?
Justement, dans ce cas-là, il y a deux écoles : traiter tout en même temps OU prioriser, même l’urgent. Pour me dégager du temps sur l’urgent « plus gros », je batche toutes les petites tâches urgentes sur une plage horaire définie. Une fois qu’elles sont bouclées, je m’attaque aux plus grosses.
C’est pourquoi, définir un calendrier de projets, de sorties littéraires, est important. ça donne une vision globale de la charge de travail et permet AUSSI de planifier des temps de RIEN.
C’est important le RIEN, déjà pour notre équilibre mental. Il faut planifier du rien, des créneaux où on refuse les réunions, où on ne travaille pas, pour se recentrer sur soi. Difficile, mais ESSENTIEL.
Le moral de l’écrivain solitaire
Plutôt bon !
Je pense que ça dépend surtout des profils. Pour ma part, je n’ai jamais eu de problème à rester toute seule. En fait, je n’ai pas l’impression d’être seule, c’est ça la magie de ce métier !
D’abord, je suis en compagnie de mes personnages, je leur donne vie, je les suis. Ensuite, je suis bien entourée, soit par d’autres auteurs, soit par des lecteurs. Il n’y a pas à dire, Internet change tout !
Si j’ai besoin de parler, je peux toujours prendre mon téléphone et appeler un proche ou même, un truc de fou : sortir de ma grotte pour les voir !
Sauf que dans ce cas-là, je choisis qui et quand 😏 Tellement bien de pouvoir aller déjeuner de 13 à 15h avec une copine, sans regarder constamment sa montre parce qu’on a une réunion !!
Je sais que si ça devient trop difficile de rester chez moi, je peux trouver une salle de coworking ou aller travailler dans un café avec mon casque. Je peux même rendre visite à ma famille pour me couper de mon environnement quotidien.
Le syndrome de l’imposteur
Ce n’est pas rose tous les jours. Le moral fluctue, tout comme ce fichu syndrome qui revient bien trop souvent à mon goût.
Un jour ça va, un jour ça va pas, les doutes prennent toute la place. Le lendemain, je suis remontée à bloc sans me l’expliquer !
Je ne pense pas qu’il disparaîtra un jour, car il est aussi bien lié à la confiance et soi et… la mienne n’a pas changé depuis que j’ai 10 ans.
Pour le faire taire, je pense à tous les jolis messages de lecteurs, chroniqueurs que je reçois, à mes proches qui me soutiennent, qui me lisent, qui m’encouragent en me donnant leur avis.
On dit souvent que les proches ça ne compte pas. C’est faux, ça compte carrément !
Tout ce que j’en retiens
La conclusion de cet article sera rapide. Est-ce que je regrette d’avoir changé de métier alors que je ne gagne vraiment pas assez pour gagner ma vie pour le moment ?
NON.
J’ai gagné la gestion de mon temps, gestion que je chéris plus que tout.
J’échange tous les jours avec d’autres auteurs, lecteurs, chroniqueurs et c’est génial.
Je peux voir mes proches quand je le veux.
J’écris !!!! J’écris les histoires que j’aime !
Je me sens plus heureuse, moins fermée, plus calme, moins frustrée. Les changements sur mon corps ne se voient pas encore, mais j’ai bon espoir.
Alors, simplement merci 💜
Bénédicte
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